La pancréatite féline
La pancréatite est une maladie fréquemment diagnostiquée en médecine vétérinaire féline.
Cette maladie se caractérise par une inflammation du pancréas et une relâche des enzymes pancréatiques dans la cavité abdominale.
L’intensité de la réaction inflammatoire est variable d’un patient à l’autre, conduisant alors à des symptômes pouvant être différents.
Certains animaux vont simplement présenter une légère baisse d’appétit tandis que d’autres auront des vomissements, de la diarrhée, de la douleur abdominale, etc.
Le pancréas est un petit organe situé dans l’abdomen, tout près de l’estomac et du foie et qui communique avec le duodénum (première partie de l’intestin grêle).
Le pancréas possède 2 rôles majeurs : un rôle endocrinien (contrôle de la glycémie avec différentes hormones comme l’insuline et le glucagon) et un rôle digestif (production d’enzymes pour la
digestion des protéines et graisses).
Lors de pancréatite, c’est la fonction digestive qui est affectée.
L’inflammation de l’organe provoque la relâche des enzymes digestives directement dans la cavité abdominale et la circulation sanguine, plutôt que dans le tube digestif.
Cette relâche des enzymes au mauvais endroit cause de la douleur et est responsable du malaise généralisé et des signes systémiques chez l’animal.
La condition peut-être aigue ou chronique.
Lors d’épisode aigu, les symptômes sont souvent très marqués et d’apparition soudaine. Lors de chronicité, les symptômes sont parfois moins intenses – ils passent souvent inaperçu - quoique
l’animal puisse aussi faire une crise aigue suite à un épisode chronique de plusieurs semaines à plusieurs mois.
Typiquement, les chiens font plus de pancréatites aigues tandis que les chats font plus de pancréatites chroniques.
Chez le chat, les signes sont souvent subtils.
Il est possible d’observer des vomissements, de la diarrhée et de l’abattement bien qu’on note le plus souvent une réduction de l’appétit appelée anorexie partielle, pouvant aller jusqu’à une
anorexie totale.
L’examen physique général peut démontrer quelques signes, par exemple de la déshydratation, mais il arrive souvent que l’examen soit tout à fait normal.
Les signes présentés par l’animal à la maison et l’examen physique peuvent nous faire penser à une pancréatite mais plusieurs conditions médicales pourraient engendrer des troubles similaires. Des tests médicaux seront à effectuer pour savoir exactement à quelle maladie est confronté votre chat.
Différents tests peuvent vous être proposés selon l’état général de votre chat. Un test spécifique pour le pancréas est disponible mais le sang doit être envoyé au laboratoire externe alors nous
ne pouvons pas avoir le résultat immédiatement.
Le résultat est généralement disponible le jour ouvrable suivant.
Un profil sanguin général (hématologie/biochimie) est aussi recommandé de routine. L’hématologie nous renseigne sur les globules rouges, les globules blancs et les plaquettes sanguines tandis que
la biochimie nous informe sur la fonction des organes internes : la fonction rénale, les enzymes hépatiques, le taux de sucre, etc.
Également, des radiographies de l’abdomen sont indiquées afin d’éliminer toute anomalie concernant les autres organes abdominaux (corps étranger, problème hépatique ou rénal, mégacolon…).
La cause exacte de la pancréatite féline est inconnue mais plusieurs facteurs de risques sont décrits : traumatismes, infections virales ou parasitaires, intoxication, reflux biliaire, maladie inflammatoire intestinale, cholangite, hépatite, hypertriglycéridémie, hypercalcémie, etc.
Le traitement consiste à adresser 4 avenues :
corriger la déshydratation et les désordres électrolytiques
contrôler les vomissements et les nausées
contrôler la douleur
commencer la ré-alimentation au plus vite
À cette fin, nous conseillons l’hospitalisation de tout chat présentant une pancréatite.
Nous installons un cathéter intraveineux afin de faire une fluidothérapie pour quelques jours (point 1).
Des médicaments (anti-vomitifs/anti-nauséeux/anti-acides) peuvent être ajoutés dans le sac de solutés et ainsi être administrés 24h sur 24 ou encore en injection une à deux fois par jour (point
2). Lorsque la perfusion intra-veineuse n’est plus nécessaire, ces médicaments sont passés en comprimés pour quelques jours supplémentaires.
Des anti-douleurs seront prescrits selon la sévérité de l’inconfort. Ils peuvent être administrés en injections ou sous forme de timbre transdermique (point 3).
Enfin, lorsque les points 1, 2, et 3 sont contrôlés, il faudra recommencer à présenter de la nourriture à l’animal.
Certains mangeront d’emblée tandis que d’autres auront besoin d’être gavés pour commencer. Le meilleur moyen pour réalimenter un chat qui ne mange pas est la pose d’un tube de gavage. Le tube est
chirurgicalement installé dans l’œsophage (tube qui relie la gueule à l’estomac) ou directement dans l’estomac et la nourriture, ainsi que la médication, sont administrées par le tube. Selon le
risque de complication, une antibiothérapie est parfois instaurée; celle-ci est primordiale lors de l’installation d’un tube.
Les pancréatites légères à moyennes répondent généralement bien aux traitements mentionnés ci-haut, quoique certains patients soient parfois réfractaires à la thérapie.
Les pancréatites sévères quant à elles ont un moins bon pronostic car elles peuvent entraîner des complications sérieuses menant parfois au décès de l’animal.
Il est possible d’avoir une guérison complète sans aucune séquelle mais il arrive parfois que certaines pancréatites, surtout les chroniques, provoquent d’autres problèmes d’origine pancréatique
: diabète, insuffisance pancréatique exocrine ou encore une hypocobalaminémie.
Dre Evelyne Jouber