POLYPE NASOPHARYNGÉ CHEZ LE CHAT
DR CAUZINILLE, CENTRE HOSPITALIER VÉTÉRINAIRE FREGIS
Spécialiste en neurologie
Points importants:
Une tumeur bénigne dont la cause reste encore inconnue
Les signes cliniques sont souvent peu caractéristiques. Ils peuvent notamment concerner les voies aériennes ou l’oreille avec de possibles troubles nerveux (syndrome vestibulaire périphérique)
L’exploration fait de préférence appel à l’imagerie en coupe (scanner et/ou IRM)
Le traitement est uniquement chirurgical. Selon la technique utilisée, des récidives sont possibles
Le polype nasopharyngé chez le chat est une tumeur bénigne rare touchant le nasopharynx, l’oreille moyenne et le conduit auditif externe.
En fréquence, après le lymphome c’est la deuxième affection du nasopharynx du chat et c’est aussi la plus fréquente chez les jeunes chats.
Le polype nasopharyngé se présente comme une masse pédiculée issue de la muqueuse de la trompe auditive (anciennement trompe d’Eustache), du nasopharynx ou de l’oreille moyenne, s’étendant
ensuite au nasopharynx ou au conduit auditif externe.
Une atteinte bilatérale est possible (17 % des cas).
La cause reste encore inconnue, mais deux hypothèses sont avancées :
le polype serait soit le résultat d’une inflammation chronique, soit dû à une affection congénitale.
Signes cliniques et diagnostic d’un polype nasopharyngé chez le chat
Les signes cliniques sont souvent peu caractéristiques et évoquent une affection obstructive des voies respiratoires supérieures : respiration bruyante, changement de la voix, éternuements, respiration la gueule ouverte, voire syncope, … lorsque le polype empêche le passage de l’air (voire des aliments).
En cas d’atteinte de l’oreille, ce sont ceux d’une otite (moyenne ou externe) chronique, souvent dominés par des troubles nerveux quand un effet de masse se fait sentir au niveau de l’oreille
interne : douleur à l’ouverture de la bouche, ataxie vestibulaire (nystagmus, perte d’équilibre avec chute du côté atteint, tête penchée du côté atteint, désorientation et marche sur un cercle),
syndrome de Claude Bernard Horner par pression sur l’innervation sympathique oculaire, perte d’audition, paralysie faciale par pression sur le nerf facial,…
Une atteinte de l’état général est possible : amaigrissement, abattement, perte d’appétit, …
Dans certains cas, l’examen clinique permet de visualiser le polype dans le nasopharynx ou dans le conduit auditif externe.
Dans la grande majorité des cas, le recours à la vidéo-otoscopie et surtout à l’imagerie médicale (radiographie ou plutôt scanner et/ou IRM) est indispensable pour
visualiser l’oreille moyenne, apprécier la taille, la localisation exacte et l’extension de la masse.
Syndrome de Claude Bernard Horner secondaire à une polype nasopharygé chez un chat
Polype nasopharyngé chez un chat
IRM chez un chat présentant un polype nasopharyngé
Pronostic d’un polype nasopharyngé
En l’absence de traitement chirurgical, le pronostic est mauvais avec notamment des évolutions vers une insuffisance respiratoire fatale, des encéphalites, …
Après traitement chirurgical, le pronostic à long terme est très bon, sous réserve du choix de la technique permettant une exérèse complète du polype. Néanmoins des récidives restent possibles.
Un traitement chirurgical pour le polype nasopharyngé
Le traitement est uniquement chirurgical.
Il repose sur l’extraction de la masse et le curetage de la bulle tympanique.
L’anesthésie est une des périodes critiques du traitement. Plusieurs techniques chirurgicales sont utilisables.
Leur choix est notamment conditionné par les résultats de l’imagerie médicale.
Un examen histologique est nécessaire pour confirmer le caractère bénin de la lésion retirée.
Les récidives sont fréquentes, mais bénignes, et elles dépendent de la technique chirurgicale employée pour le traitement du polype.